la programmation d\'avril 2014 :
Mercredi 02 :
Lycée Jean-Moulin ? 14h00 ? Master class avec Avec A. Burton, T. Walker et G. Louise
Jeudi 03:
Lycée Jean-Moulin ? 12h30 ? Concert avec A. Burton, T. Walker et G. Louise
Café Des Arts ? 20h30 ? Diner Blues avec A. Burton, T. Walker, G. Louise & The French Blues Explosion (sur réservation)
Vendredi 04:
Ecole de St Jean de Thouars ? 13h00 ? découverte du Blues avec Harpsliders
Lycée Jean Moulin ? 14h00 ? conférence sur l?histoire du blues avec Cadijo Duo
Théâtre de Thouars, à partir de 20h30 ? Concerts avec Bad Mules ? Aaron Burton et Delta Moon
Samedi 05:
Hôtellerie Saint-Jean ? 12h30 ? Déjeuner blues avec Bathroom Groovy Stuff (sur réservation)
Médiathèque de la CC de Thouars ? 15h00 - Concert avec Cadijo Duo
Foyer Laïque de Thouars ? 17h00 ? Concert avec Mister Joss
Théatre de Thouars, à partir de 20h30 ? Concerts avec T-Bo & The B-Boppers, Toby Walker, Grana Louise & The French Blues Explosion
Dimanche 06:
Trompe Souris Café ? 17h30 ? concert avec A. Burton, T. Walker, G. Louise & The French Blues Explosion (sur réservation
Cette petite ville de Poitou Charente est le berceau d?une bande d?irréductibles fans de Blues. Non contents de publier le trimestriel Blues & Co ils organisent quelques rendez vous autour du Théâtre municipal et de deux ou trois lieux aussi improbables que des galeries marchandes, des écoles et autres restaurants ou cafés de la ville.
Au-delà de cette passion musicale qui anime cette équipe, il faut aussi reconnaître qu?il cherchent à aller un peu plus loin et font jouer des musiciens que l?on n?a pas ou peu vu sur les scènes françaises. C?est audacieux, voir parfois risqué, mais au bout du compte c?est une réussite incontestable.
Charlie Fabert Blues band.
Après quelques morceaux interprétés par le conservatoire intercommunal de l?agglomération Thouarèsmistisienne et du reste du coin (avec ses reprises de Nougaro et de Nino Ferrer sous tension mais bien tenues par le chef de meute, par ailleurs excellent au xylophone), l?heure a sonné pour le frenchy Charlie Fabert de sortir sa palette musicale.
Charlie est un jeune bluesman de 21 ans qui n?a pas perdu de temps pour se distinguer. Epaulé Par Alain Delaunay à la batterie, Par Lahcen Bennajem à la basse et par Loïc Vincent aux claviers, Charlie lance un set bien rôdé et bien ficelé. J?avais déjà écouté sa démo 2 titres en français et suis curieux de voir l?ampleur de ses progrès.
Son blues est tranquille voire apaisé, loin des injonctions pour guitariste doué qu?il est, de sortir d?inter-minables gammes au service d?absconses certitudes techniques inhérentes à la branche. Non, il reste sobre et dévoile une propension à la justesse dans ses interventions.
Son répertoire est à mon goût un poil trop tranquille et mérite de s?étoffer dans les tempi médiums ou rapides. Son blues est plein de sérénité et de feeling mais manque un peu de folie. Charlie, sois plus facétieux, plus farceur. Pense aux aficionados, fans de fuzz et de défonces. Ne cède pas aux affres du fastoche, ton nom est Fabert, alors fonce? See you soon !
Big Mama Montsé
La belle hispanique a peu être un peu usurpé son surnom mais nous ne lui en voudrons pas, elle nous a présenté un show oscillant entre Swing et Blues, entre West Coast et Chicago, entre Rock?n?Roll et Jump, sans jamais complètement versé dans l?un ou l?autre.
La rythmique contrebasse, batterie tenue par Manolo German et Olivier Rocque est comme un vieux 4X4, pas de chromes pour la frime, pas de belle peinture pour paraître, le but est de passer partout et ça passe. Coté lead, Victor Puertas, malgré un costume qui lui donnait un air un peu boudiné a semblé parfaitement à l?aise et nous a ravi avec ses harmonicas. Pour en revenir à Big Mama son énergie, sa bonne humeur et sa gentillesse auraient suffit à nous faire passer un bon moment mais elle a aussi une voix puissante et chaude qui a soulevé la salle. Il faut quand même reconnaître que nous aurions aimé une guitare un peu plus virtuose et variée que le jeu un minimaliste de la belle blonde, mais peut être somme nous trop habitué à avoir des guitares partout. Cerise sur le gâteau, en avant gout de leur prestation du lendemain, Jeremy Berlin au piano et Racky Thomas au chant viendrons se joindre au band pour finir cette soirée sous des applaudissements nourris.
New Line Up
Le samedi midi était organisé le désormais traditionnel "déjeuner blues" du festival à l'hostellerie Saint Jean. Dans cette atmosphère feutrée, le concert de ce déjeuner blues était assuré par New Line Up, un groupe homogène et soudé à l'image de leur tenue vestimentaire identique pour les 4 membres du groupe, chemise noire et costume clair, la classe. Leur musique est un mélange de blues / rhythm & blues / swing qui lorgne résolument vers les années 50, des standards parfois revisités qui nous ont fait passer un agréable moment d'autant plus qu'à l'heure du dessert, Abdel Bouyousfi (le contrebassiste habituel des Rosebud blue sauce) et Racky Thomas sont venus rejoindre les 4 normands pour boeuf des plus sympathiques. Le public était ravi, et j'ai même entendu un habitué qui disait que le niveau du concert de ce repas blues montait d'année en année. Un beau compliment pour New Line Up, un groupe qui monte ...
Rene Miller et David Chalumeau.
Avec ce duo, Rene Miller surfe sur la vague d?un blues rural voire franchement rugueux de chez Fat Possum Records. Rompu à la musique de rue, il installe un univers de blues récitatif et intuitif. Son approche aléatoire du rythme et de l?harmonie ne s?embarrasse ni de beau ni de classouille. Sa reprise de Come Together des blattes de Liverpool sonne comme un point d?orgue dans son set parfois hasardeux.
Point de grandes mélodies, point de gammes dont la seule évocation rime avec un cours de grecque ancien. Par injonction de trop de naturel, Rene ne pêche, ni par mensonge ni par vérité, mais par excès d?omission. Il oublie le public du hall du Super U qui n?est pas venu que pour remplir son Caddie de sodas brunâtres et d?escalopes panées de chez Quiquilafait.
Soyons magnanimes, ni l?endroit ni l?heure ne sont des plus adaptés afin d?atteindre la plénitude dans ce genre de répertoire. Néanmoins l?homme est extraordinaire d?humilité et de gentillesse.
David Chalumeau, à l?harmonica, reste concentré dans son rôle de tricoteur d?entrelas mélismatiques souvent improvisés et bien en phase avec son co-duettiste. Sa présence apporte l?espace et la tension nécessaire à la vision monolithique de Rene.
Le blues réflexe de Rene et de David ne m?a pas entièrement fait planer, mais il sent bon la route et me fait reprendre conscience de l?inconstance saugrenue que propose la vie et de la vaste contingence que suggère le néant.
P.S. Rene, comme le saumon sauvage remonte le fleuve qui l?a vu naître afin de frayer puis mourir, laisse ta veille valise en carton de chez la grand mère de Linda retourner couler ses derniers jours à Lisbonne. Cette dernière semble spontanément et régulièrement vouloir prendre la route vers sa terre natale (just a joke).
Howlin? Bill
Le chanteur harmoniciste Howlin? Bill, alias Wim de Vos, accompagné de « Little » Jimmy Hontelé à la guitare, de « Magic » Franck Pauwels à la batterie et de Francis « Walkin? » Winnepenninckx à la basse offrent à une salle comble, un show parfaitement maîtrisé et proche de la perfection.
Ces belges pratiquent un blues élégant, ciselé « façon anversoise » et ajusté à leur classe spontanée. Leur registre panache un soupçon de country, un zeste de Rockabilly et un Blues qui flirte parfois avec le Texas ou la WestCoast. Mais, leur grande force est qu?ils rendent les frontières de ces styles suffisamment floues et élastiques, pour créer une musique au caractère propre. Le band est véritablement unique de cohésion, d?efficacité, de bon goût dans ses arrangements et interprétations.
La basse de Francis « Walkin? fais gaffe à l?orthographe » Winnepenninckx, avec son air sérieux de maître d?école qui articule sa dictée, se réserve le rôle de l?efficience dans les accents, la ponctuation et la syntaxe.
La batterie de « Magic » Franck, dont c?est l?anniversaire ce soir, est énergique, inventive, mesurée, métrée au millimètre.
Pas de notes superflues, non plus, de la part d?un de « Little » Jimmy, pourtant très inspiré et en verve.
Et puis, la belle voix, bien grave, d?Howlin? Bill sait se faire, tour à tour, captivante et enjôleuse, « crooner-glamour » et touchante.
Son lancinant « Gone Too Soon » intelligemment présenté me touche particulièrement. D?ailleurs toutes ses interventions, entre tous les titres, font mouche, comme sur le miroitant « Devil And The Deep Blue Sea ». Une sublime version, toute en nuances, de ?Don't You Know? du Live At Paradiso (1992) d?Omar & The Howlers incite le public à répondre spontanément aux vocalises d?Howlin? Bill. Naturellement. Avec plaisir. Avec enthousiasme. Avec admiration?
Et puis aussi, le jeu d?harmonica d?Howlin? Bill savamment canalisé « trémolle », « vibrate » alterne du « subtil-suave » au « crescendo-gouleyant » jusqu?à l?« énergique-torride », sans jamais devenir débridé jusqu?au « too much »?
« You got it » : un savoureux milkshake à l?arôme « Brian Fabulous Setzer Thunderbirds » est enfin servi avec une grosse ?frite? pour bien rassasier l?infime partie de l?auditoire qui pourrait encore ressentir un petit creux?
Wauouhhh : quel régal pour un public, manifestement, intégralement conquis ! La classe ultime?Et dépourvue des facilités ou des habituels clichés dont se contentent certains virtuoses de la scène. Ma foi, ces flamands "eens" une fois qu?ils ont la foi, ils font la loi et préfèrent satisfaire leur public plutôt que leur égo, quitte à sembler en « garder sous le pied » parfois, et pour une autre fois, une fois? ;o)
The Racky Thomas Band
Tête d?affiche du festival, Racky Thomas aura été omniprésent sur tout le festival. Jouant ici en acoustique, là en trio, invité par les uns ou les autres, il a systématiquement accepté de jouer avec ceux qui le lui ont proposé avec un enthousiasme qui laissait présager un show incendiaire. Nous n?avons pas été déçus. Paul Size à la guitare et Jermy Berlin au piano étaient venus des états unis avec Racky mais ils se sont adjoint les services d?une section rythmique française constituée d?Abdel Bouyousfi à la contrebasse et de Pascal Delmas à la batterie. Aux vues de la prestation, il semble difficile de croire qu?ils n?avaient jamais joué ensemble avant les balances de l?après-midi.
Nous avons déjà eu l?occasion de dire tout le bien que l?on pense d?Abdel au jeu de contrebasse mesuré, maitrisé et totalement au service de la musique. Capable de s?effacer pour laisser le champ libre au soliste ou de le pousser à aller plus loin, il a parfaitement joué son rôle. A la fois puissant et fin, précis et virevoltant, le jeu de batterie de Pascal nous a encore étonné par sa justesse et par l?énergie déployée.
Guitariste à la virtuosité maitrisée, Paul Size ne sombre pas dans la démonstration facile et semble toujours avoir quelque chose à exprimer aussi bien dans ses solos débridés que dans ses rythmiques raffinées.
Peut être un peu trop effacé, ou plus timide, jeremy Berlin s?est peut être un peu moins montré que les autres. Pourtant, il a ponctué la soirée par de magnifiques interventions, martelant ses touches comme si c?était vital.
Leader charismatique, chanteur puissant et harmoniciste étonnant, Racky Thomas ne s?est pas économisé et aura soulevé une salle comble pour finir par nous reposer à terre à une heure fort avancée en nous laissant l?impression d?avoir assisté à quelque chose de rare, de précieux.
Avec des concerts de belle qualité, quand ils n?ont pas été exceptionnels, avec une équipe de bénévoles sympathique et accueillante cette éditions du TerriThouars Blues aura été une belle réussite. Merci, en tous cas, au public d?avoir répondu présent à ce festival exceptionnel et concocté de main de maître par le «Grand Gourou Tonton Érick » et ses disciples.